
Régulièrement, le Centre Culturel d'Engis, en collaboration avec l'a.s.b.l. Iguana Café, amène en bord de Meuse des musiciens qui, sans avoir acquis la notoriété des "front men" avec lesquels ils ont oeuvré, ont néanmoins pris une place importante dans l'histoire du blues. J'ai déjà eu ainsi l'occasion d'évoquer sur ce blog les concerts donnés (notamment) par Bryan Lee, Mac Arnold, Zakyia Hooker, et quelques autres. Ce mercredi, c'était au tour de Bob Margolin de se présenter sur la scène engissoise.
Bob Margolin, né en 1949 dans le Massachussets, a débuté à la guitare en 1964 dans différents groupes de la région de Boston, puis a passé notamment 7 années (de 1973 à 1980) au sein du groupe de Muddy Waters. C'est ainsi qu'il apparut en 1976 aux côtés de celui-ci lors du concert d'adieu du "Band", intitulé "The Last Waltz", dont Martin Scorsese tirera un film documentaire.
La liste des musiciens avec lesquels il collaborera après le départ de Muddy Waters (qui décèdera en 1983), serait évidemment trop fastidieuse à énumérer, mais on pourra citer notamment Johnny Winter, Kim Wilson (The Fabulous Thunderbirds), Pinetop Perkins, Ronnie Earl, Nappy Brown, Hubert Sumlin, ... . Il a évidemment aussi participé à de nombreux concerts d'hommage à Muddy Waters. Le titre de son premier album, "The Old School", paru en 1989, indique à suffisance son attachement à l'école traditionnelle du blues, celle de Chicago.
Dans un passé plus récent (2004), son album "The Bob Margolin All Stars Blues Jam" lui a valu 2 nominations aux W.C. Handy Awards, sans doute les récompenses les plus prisées aux Etats-Unis. Cet "Award" du meilleur guitariste de l'année lui sera d'ailleurs décerné l'année suivante, en 2005.

L'Italien Mike Sponza est, quant à lui, à l'origine du projet Euro Blues Convention qui aboutira en 2007 à l'enregistrement du cd "European Shuffle", réunissant 33 musiciens (dont Carl Verheyen, le guitariste actuel de Supertramp, Thorbjorn Risager, Erja Lyytinen, Greg Zlap, ...) issus de 12 pays différents différents. Au contact de ces musiciens, son blues a intégré d'évidentes influences venant du funk et de la soul.
La rencontre entre Bob Margolin et le Mike Sponza Band (avec Mauro Tolot à la basse et Moreno Buttinar à la batterie) s'est concrétisée par une tournée en deux parties, la première au printemps plutôt concentrée sur l'Europe Centrale, et la seconde, en ce mois de novembre, visitant nos contrées : France, Belgique, Pays-Bas, Allemagne et Danemark. En juillet de cette année, le groupe a enregistré un album intitulé "Blues Around The World", dont il assure évidemment la promotion au cours de ses concerts.

Bob Margolin apparaît avec une antique Fender Telecaster, dont il dira qu'elle est à peine de deux ans plus jeune que lui (ce qui nous permet d'en déduire que l'instrument a été fabriqué en 1951). Le bois superbement patiné lui confère un son très doux, bien éloigné de celui, trop métallique à mon goût, des Telecaster actuelles. Mike Sponza joue lui sur une guitare Guild demi-caisse, plus souvent utilisée par les guitaristes de jazz que par ceux de blues ou de rock.
Le concert est axé sur la dualité des deux guitares, avec des sons très différents, les deux guitaristes assurant à tour de rôle, et avec une égale maîtrise les parties solos et rythmiques. Bob Margolin joue tantôt en technique classique, tantôt en slide. La complicité entre les musiciens fonctionne bien, même si les plus perfectionnistes auront noté deux ou trois fautes de coordination sans grande importance. Par contre, Bob Margolin tient quasi seul le chant de sa voix grave, suffisamment puissante pour lui permettre d'aller chanter un titre au pied de la scène sans amplification.

Comme beaucoup de ces vieux bluesmen, Bob Margolin raconte beaucoup. il parle notamment de son amour pour le blues, pour sa guitare, pour ses chiens (dont un qu'il a nommé "Carey Bell"), de sa vie. Il rend aussi hommage aux musiciens avec lesquels il a joué et pour lesquels il éprouve beaucoup d'admiration : Muddy Waters,bien sûr, mais également Robert Lockwood Jr, Nappy Brown, ou encore B.B. King.

La section rythmique épaule efficacement le duo de guitaristes. C'est toutefois surtout dans la deuxième partie que Mauro Tolot et Moreno Buttinar auront l'occasion de se mettre en évidence, d'abord sur "Ice or Fire", un blues funky sur lequel le bassiste exécute un solo de tapping en frappant les cordes ... avec une des baguettes du batteur.
Bien entendu, Bob Margolin ne pouvait quitter le public sans avoir revisité le répertoire de Muddy Waters. C'est donc avec les reprises de "Got My Mojo Working" et de "Rollin' and Tumblin'" que se terminera le set, avant un dernier rappel.
De toute évidence, les musiciens ont passé un bon moment sur la scène en compagnie du public engissois, moment qu'ils prolongeront en savourant une Leffe brune bien méritée

Les liens habituels :
Le site officiel de Bob Margolin
Celui de Mike Sponza
Mes photos du concert d'Engis
Quelques vidéos live :
Live @ Festival "Trieste is Rock, avril 2011
Live @ Budapest, avril 2011
Live @ Vienna, avril 2011
Mannish Boy
What I'd Say
philMaq, Posté le mardi 22 novembre 2011 16:11
elche-ernesto-guevara a écrit : " "
On peut facilement imaginer qu'il ne doit pas être mauvais, lorsque l'on voit sur Youtube les musiciens avec lesquels il apparaît : Pinetop Perkins, Allman Brothers Band, Derek Trucks, Hubert Sumlin, Popa Chubby, Mac Arnold, ... sans oublier 7 années aux côtés de Muddy Waters.
[Philippe]